Les potagers suspendus d'Agripolis

Agripolis

By | Agritech | Pas de commentaires

AGRIPOLIS: UN POTAGER SUR LES TOITS DE PARIS

Eco-tour de France vous régale avec Agripolis: pionnier de l'agriculture urbaine et créateur de potagers suspendus.

Pionnier de l’agriculture urbaine à la française avec Agripolis, Pascal Hardy nous reçoit au siège de l’entreprise pour nous présenter ce nouveau type d’exploitation agricole : une technique pleine d’avenir pour nourrir en circuit court les villes de demain.

ETDF: A quand remonte l'apparition des premières fermes urbaines ?

Pascal Hardy : L’agriculture urbaine existait dès l’antiquité avec les jardins de Babylone ou les jardins à étages de certaines cités précolombiennes. Mais pas avec les techniques qu’on emploie aujourd’hui.

L’agriculture n’est réapparue dans les villes que très récemment. Tout d’abord en Asie, il y une quinzaine d’années. Avec des techniques très hightech comme au Japon ou à Singapour, où l’on pratique l’hydroponie. C’est à dire que l’on équipe des immeubles entiers de goulottes et de godets dans lesquels les plantes ont en permanence les racines dans l’eau. Un peu plus tard aux Etas-Unis, il y a 12 ans environ, avec des cultures en pleine terre. Dans les friches urbaines ou sur des parkings ou des toits d’immeubles où l’on a apporté de la terre.

ETDF : Et quelle technique a choisi Agripolis ?

La biodiversité d'une ferme urbaine Agripolis

La biodiversité d’une ferme urbaine Agripolis

Pascal Hardy : Entre culture en pleine terre et hydroponie, nous avons développé une 3ème technique : l’aéroponie.  Chez nous, les plantes sont disposées verticalement dans des colonnes de cultures. Leurs racines sont dans le vide et dans le noir, et sont douchées toutes les 3 à 5 mn par une pluie d’eau et de nutriments, bio dans notre cas. C’est la technique qui a le plus de potentiel en termes de qualité et de performance environnementale.

ETDF : Quels sont les avantages de l’agriculture urbaine ?

Pascal Hardy - Président fondateur d'Agripolis

Pascal Hardy – fondateur d’Agripolis

Pascal Hardy : L’idée pour la ville – qui n’est pas simplement la nôtre mais qui est partagée par de plus en plus de monde – c’est que l’agriculture urbaine peut contribuer significativement à nourrir les urbains.

Au départ, surtout en Europe, on voyait cela comme quelque chose d’anecdotique. Soit pour faire du lien social par le partage d’activité. Soit pour exploiter des surfaces inoccupées comme les friches, des dents creuses. Et puis petit à petit, on est venu à l’idée que cela pouvait nourrir une partie des urbains.

Il y a aussi des enjeux de résilience. Résilience économique, car aujourd’hui, la baisse des productions maraîchères en France est très nette et nous devons importer d’Espagne, de Hollande, etc. Résilience environnementale pour contribuer à la lutte contre les phénomènes d’îlots de chaleur, à la lutte contre l’effet de serre.

ETDF : En quoi l’agriculture urbaine permet-elle de lutter contre l’effet de serre?

Pascal Hardy : Il faut savoir qu’aujourd’hui, un aliment qui arrive dans notre assiette parcourt en moyenne 1200km. L’impact carbone est colossal ! Pas simplement à cause du transport mais aussi à cause des intrants car la production d’engrais chimiques consomme énormément de pétrole. Donc notre idée, chez Agripolis, c’est de faire une production 0km, 0 pesticides, de grande qualité et économe en ressources. Notre impact sur l’environnement est de l’ordre de seulement 5 à 10% par rapport à celui qu’on a dans un champ ou une serre en agriculture intensive. C’est une évolution très importante qui contribue très nettement à améliorer la balance environnementale de ce que l’on consomme.

ETDF : La technique d’Agripolis se rapproche-t-elle de l’agriculture bio ?

Système d'arrosage Agripolis

Système d’arrosage Agripolis

Pascal Hardy : Agripolis travaille en aéroponie, et plus précisément en bioponie ; c’est-à-dire que non seulement nous utilisons des nutriment et engrais de l’agriculture bio, mais également, que nous supplémentons avec l’apport de minéraux et de bactéries qui recréent dans les colonnes un biotope et qui métabolisent un certain nombre d’éléments que l’on trouve dans le sol classique. En fait, on a presque plus d’exigence que dans l’agriculture bio. Au Danemark ou en Suède, nos produits pourraient être labellisés bio, mais pas en France où la réglementation impose le lien au sol.

Sur le terrain, en faisant des panels de comparaison, on a une qualité gustative qui peut être meilleure que le bio. Car nos produits sont commercialisés sitôt cueillis à l’inverse de produits qui, même bio, sont cueillis souvent une semaine avant, et sont exclusivement des variétés qui résistent au transport et au frigo.

Chez nous, pas de camion ni de frigo : les variétés de fruits et légumes que nous cultivons ont été sélectionnées uniquement pour leur goût. Nos récoltes sont vendues le jour même, sitôt cueillies.

ETDF : Les produits de l’agriculture urbaine ne sont-ils pas plus exposés à la pollution ?

La première objection qui est faite en général à l’agriculture urbaine, c’est « Attention ! Ville égal pollution ! ». Mais l’eau et les nutriments qui circulent dans nos colonnes ne sont jamais en contact avec l’air ou la pluie. Or c’est par les racines que les plantes sont sensibles à la pollution, notamment aux métaux lourds.

Récolte d'une ferme urbaine Agripolis

Récolte d’une ferme urbaine Agripolis

On a fait pratiquer des analyses et on a fait le même constat que pour le miel urbain qui est beaucoup plus sain que le miel de campagne qui peut contenir des pesticides. On arrive à obtenir des produits dans lesquels les métaux lourds sont indétectables, à des taux inférieurs à ceux qu’on peut mesurer chez les maraîchers de la périphérie du bassin parisien.

C’est un paradoxe : on est en pleine ville dans un milleu plus pollué, mais on se retrouve avec des produits qui, en termes de goûts et de santé, sont meilleurs que ceux de l’agriculture conventionnelle.

Mais il ne suffit pas de l’expliquer techniquement et de le démontrer avec des analyses pour que ce soit intégré car c’est contre-intuitif. Donc il faut expliquer comment on travaille. Lorsqu’on travaille avec la grande distribution comme avec Carrefour, on montre la technique aux clients, on fait des visites…

ETDF : Quelle est la surface agricole potentielle dans les villes de France ?

Un potager suspendu Agripolis

Un potager suspendu Agripolis

En termes de surface, on n’a pas encore beaucoup de certitudes mais on sait que le potentiel est colossal. Parce que, on n’est pas les seuls à pouvoir s’installer sur des terrasses, sur des toits ou au sol, et si on fait la somme de toutes les surfaces potentiellement utilisables, on arrive à des milliers et des milliers d’hectares.

Mais la clé, c’est surtout de pouvoir « déverrouiller » ces surfaces : y accéder, proposer des conditions aux propriétaires qui permettent de ne pas engager des travaux énormes, de pouvoir participer aux charges et aux aménagements. Par exemple, il est extrêmement compliqué de travailler avec une copropriété car vous devez mettre d’accord un nombre important de personnes. On dispose par ailleurs d’énormément de surfaces d’entrepôts en zones péri-urbaines, de surfaces au sol inutilisées (friches urbaines, dents creuses…).

L’intérêt de la solution que nous avons développé chez Agripolis,  c’est l’effet démultiplicateur de la culture verticale. Grâce à nos colonnes de culture, on multiplie par 6 la surface réelle au sol.

ETDF : Quels sont les freins et moteurs du déploiement de l’agrigulture urbaine ?

Il y a des municipalités qui sont très motrices, comme la Ville de Paris avec le programme Pariculteurs. Mais vis-à-vis des propriétaires de toits privés, il reste à trouver les bonnes modalités : être créatif dans les contrats, avoir une approche commerciale innovante, savoir  communiquer.

ETDF : Qu'y a-t-il d'innovant et original dans la technique développée par Agripolis?

Notre innovation réside dans nos colonnes, dans le système d’îlots modulables qui permet de s’adapter à toutes les surfaces et configurations de toits, dans le système électronique qui permet de monitorer l’exploitation des fermes, dans les modes de commercialisation car on transforme les systèmes alimentaires en supprimant les intermédiaires.

ETDF : Quelles qualifications votre technique nécessite-t-elle?

Notre mode de culture est plus technique que la culture en terre. Il faut savoir équilibrer les solutions, vérifier de ph, connaitre les variétés adaptées à cette technique… Donc dans nos équipes, il y a des ingénieurs agronomes, des ouvriers maraîchers, des gens que l’on forme. On ne vend jamais une ferme toute équipée sans les savoir-faire qui vont avec.

Avez-vous des programmes de formation professionnelle spécifiques?

Entretien d'une ferme urbaine Agripolis

Entretien d’une ferme urbaine Agripolis

Nos ingénieurs agronomes s’adaptent à nos techniques lorsqu’ils arrivent chez nous. Nos ouvriers maraîchers reçoivent une formation initiale de qq jours pour connaître nos enjeux, ce que l’on attend d’eux, les erreurs à ne pas faire… puis sont peu à peu formés sur le terrain. Ca permet de faire accéder à des emplois hyper-locaux pour des profils de personnes qui ont vraiment besoin de travailler pour vivre et d’être formés pour accéder à de meilleurs emplois.

Agripolis n’est pas une entreprise d’insertion sociale au sens officiel du terme, mais on l’est au sens officieux, par le type de profil que l’on recrute : beaucoup de gens en reconversion ou en difficulté sociale ont été formés et sont maintenant dans nos équipes.

ETDF : Votre technique s'inscrit-elle dans une démarche d’économie circulaire ?

Pour ce qui concerne l’économie circulaire – sujet que je connais bien car j’avais une société dans ce secteur avant – on ne peut pas aller très loin. Par exemple, on ne peut pas récupérer l’eau de pluie car il faudrait une station de traitement pour ne pas retrouver de particules dans notre eau. Donc pour l’instant ce n’est pas résolu en amont. Mais en aval, on utilise et on trouve des débouchés pour nos déchets verts. On a systématiquement sur nos sites un lombricomposteur pour lesquel on cherche des débouches. Dans certains cas comme celui des restaurants, le lombricomposteur sert également au traitement des déchets de cuisine.

Là où ça va être significatif, c’est sur l’utilisation des ressources, en termes quantitatifs. Non seulement on supprime bcp de choses relatives à l’énergie (pas d’engrais chimiques, pas de transport, etc) mais on est extrêmement sobres dans la consommation des ressources. Une de nos fermes consomme très peu d’énergie et consomme seulement 10% de l’eau qu’il aurait fallu utiliser pour produire la même chose dans un champ ou une serre. Idem pour les nutriments : comme on tourne en circuit fermé, rien ne se perd dans les écoulements dans le sol.

ETDF : Avez-vous constaté un effet positif de votre activité sur la biodiversité?

Biodiversité sur une ferme urbaine Agripolis

La biodiversité sur une ferme urbaine Agripolis

Pour l’instant on n’a pas fait de mesure sur la biodiversité mais on fait des constats. Quiconque va sur nos fermes s’aperçoit de toutes les petites bêtes qui circulent et n’étaient pas là avant car c’était des univers totalement minéraux. Donc, on a tous les polinisateurs : les abeilles etc… Vous allez voir bcp de coccinelles, des « parasites » également. Sur certains sites, on a proposé de mettre des ruches, et il y en aura sur deux ou trois de nos sites prochainement.

ETDF : Combien de temps faut-il pour installer une ferme Agripolis sur un toit ?

L’installation en elle-même peut être rapide (2 à 3 semaines), mais le travail préparatoire est plus long. On n’arrive pas sur un toit sans avoir préparé les débouchés (comment on va vendre les produits) et la contractualisation avec le propriétaire. Cette phase préparatoire peut prendre plus de 6 mois.

Aujourd’hui, Agripolis travaille sur 4 types de sites : hypermarché, siège d’entreprise, hôtel, immeuble locatif. Et chacun à des spécificités qu’il faut prendre en compte.

Pour l’hypermarché, il faut s’insérer dans leurs procédures, se couler dans le moule, savoir travailler avec eux pour pouvoir les livrer au jour le jour selon leurs contraintes. C’est important de faire toute cette préparation en amont et c’est très long.

Sur un siège d’entreprise, il faut préparer l’arrivée des paniers, mettre en place une application pour les commandes, montrer les produits disponibles, etc…

Sur un hôtel, il faut se mettre d’accord avec le chef des cuisines et trouver des débouchés complémentaires si le restaurant ne suffit pas à écouler toute la production.

Sur un immeuble locatif, il faut préparer la com auprès des locataires pour faire en sorte que le système fonctionne.

ETDF : Quel est le coût d’une ferme Agripolis ?

Les colonnes de cultures Agripolis

Les colonnes de cultures Agripolis

Il y a le coût d’installation au m2 qui est de l’ordre de 200/250€ ce qui n’est pas énorme comparé à autres techniques. Mais ce qu’il faut voir, c’est qui supporte le coût. Dans le cas d’un bailleur social dont le but est simplement de proposer un nouveau service aux habitants, il est évident que ce n’est pas lui qui va investir dans le coût de l’installation. Donc là, c’est nous qui allons trouver les financements et faire cet investissement.

A l’autre extrême, vous avez des acteurs qui veulent maîtriser la relation, qui sont prêts à investir, à agir sur le long terme et vont participer à l’investissement à hauteur de 50 voire 100%. Donc on a toute une gradation d’engagements qui traduisent aussi plusieurs niveaux d’implication financière et de partage de risque, et donc de revenu.

ETDF : Quelles sont vos perspectives pour l’avenir d’Agripolis ?

Nous avons beaucoup de sollicitations sur nos 4 marchés (centres commerciaux, sièges d’entreprises, hôtels-restaurants et logement social).

Maintenant il faut savoir ne pas aller trop vite et ne pas faire n’importe quoi. Agripolis reste aujourd’hui une petite start-up avec des problèmes de trésorerie, de financement et de maîtrise du développement. On est encore dans notre courbe d’apprentissage, que ce soit sur la plan technique, contractuel, relation partenaires. On doit avancer de façon raisonnée en fonction des moyens dont on dispose.

Agripolis a 4 sites, uniquement en région parisienne. L’an prochain, nous aurons 2 à 5 sites supplémentaires toujours en région parisienne. Mais à plus long terme, nous avons déjà des projets signés en région.

ETDF : Avez-vous des projets à l'international?

L'aéroponie: une technique très économe en eau

L’aéroponie: une technique très économe en eau

On a aussi des sollicitations et avant-projets à l’étranger. Notre technique est particulièrement bien adaptée aux pays en stress hydrique, aux pays du sud. Car nos fermes sont sobres en ressource. Ca permet de développer des programmes sociétaux ou sociaux. Par exemple, nous avons un projet dans les quartiers pauvres de Beyrouth. Malgré la reconstruction de la ville, l’accès à l’alimentation de qualité est encore difficile dans certains quartiers défavorisés. En s’associant à des ONG sur le terrain, Agripolis va pouvoir apporter une solution à ces populations.

Voilà typiquement les ambitions que l’on a chez Agripolis. Pas seulement un déploiement au niveau du business, mais aussi avoir un impact social grâce à notre technique. Je suis par ailleurs très motivé à titre personnel pour avoir enfin un impact positif et réel sur le climat, sur la pollution des sols, et notre technique le permet… L’environnemental et le social : voilà deux valeurs fondamentales pour Agripolis.

K-Ryole

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UN TOUR DE K-RYOLE AVEC NICOLAS DUVAUT.

C'est parti pour l'Eco-Tour de France!
Et en K-Ryole : pionnier de l'éco-mobilité avec ses remorques électriques pour vélo.

Dans l’incubateur Arts et Métiers Paris Tech qui héberge depuis peu la start-up, le co-fondateur de K-Ryole,
Nicolas Duvaut nous accorde cet entretien : success story d’une très jeune pousse qui ira loin.

Dans l’incubateur Arts et Métiers Paris Tech qui héberge depuis peu la start-up, le co-fondateur de K-Ryole,
Nicolas Duvaut nous accorde cet entretien : success story d’une très jeune pousse qui ira loin.

Nicolas, quand et comment vous est venue l’idée de K-Ryole ?

Gilles Vallier et Nicolas Duvaut, co-fondateurs de K-Ryole.

En 2015, avec Gilles Vallier, mon ami depuis nos études à Supélec, nous avions le projet d’un périple zéro carbone, à vélo, en traversant l’Amérique du Nord au Sud. Pour transporter notre paquetage sans trop d’effort, nous avons alors eu l’idée d’une remorque électrique pour vélo. Nous n’avons toujours pas fait ce voyage, mais nous sommes partis à fond sur ce projet. Une autre forme d’aventure…

Racontez-nous votre aventure avec K-Ryole

L’idée a continué de faire son chemin dans nos têtes pendant encore quelques mois. Gilles et moi avions déjà entamé des carrières professionnelles dans de grandes entreprises. Puis l’envie d’entreprendre a été plus forte que les plans de carrière et nous avons tous les deux pris la décision de nous lancer en avril 2016.

A l’époque, on ne s’imaginait pas que cette idée qui semble toute bête à la base nécessiterait autant de recherches, d’essais, d’échecs, de doutes, d’ajustements et de recommencements… Mais dès le départ, on a eu une chance : la sympathie que suscite notre idée. Comme c’est un projet amusant qui porte des valeurs, beaucoup de gens nous ont aidés, spontanément, avec bienveillance. Cela nous a valu de nombreux prix, comme d’être lauréats de la GreenTech Verte 2017, et beaucoup d’aide de toutes parts.

Comment avez-vous été aidés ?

Tout d’abord Supélec, notre ancienne école, nous a ouvert ses portes, donné accès à ses labos pour la conception de nos équipements électroniques. Puis c’est l’incubateur des Arts et Métiers Paris Tech qui nous a accueillis, fourni locaux, ateliers et compétences pour mettre au point nos prototypes et préparer notre industrialisation. Très vite La Poste s’est intéressée et nous a confié un vélo de facteur pour faire de premiers essais. Des ingénieurs de grands groupes automobile nous ont aussi donné des conseils, forts de leur expérience. Aujourd’hui nous sommes une équipe de 12 ingénieurs aux compétences très variées, une équipe qui prend plaisir à ce qu’elle fait : ça aide aussi énormément !

Quelles technologies avez-vous du maîtriser ?

K-Ryole - essais de prototype

Prototype de K-Ryole en phase test.

Il faut trois types de compétences qu’on retrouve aujourd’hui dans l’automobile : électronique, automatique et mécanique. L’électronique pour concevoir des cartes électroniques et tous les équipements électrotechniques. L’automatique, c’est-à-dire beaucoup de mathématiques et d’équations pour modéliser des systèmes, et les rendre intelligents pour qu’ils sachent piloter les roues à partir des données reçues par des capteurs… bref c’est de l’intelligence artificielle comme on en trouve en robotique. Mécanique enfin, pour limiter le poids tout en assurant une résistance durable à l’usage : encaisser les trottoirs, supporter les charges lourdes, s’attacher sur tout type de vélo, etc…

Quelles évolutions a connues K-Ryole depuis le concept de départ ?

Dès le départ, on voulait concevoir une remorque électrique adaptable sur n’importe quel type de vélo, autotractée et intelligente ; c’est-à-dire capable de transporter une charge lourde pouvant aller jusqu’à 200 kg sans que le cycliste ou le piéton qui la déplace ne ressente aucun effort en montée, aucune inertie au freinage, ni aucun danger en virage. Mais il aura fallu du temps et beaucoup d’étapes de travail ! Notre 1er prototype bricolé il y a 18 mois semble déjà loin.

On en est au 4ème aujourd’hui. On y a ajouté les derniers éléments indispensables avant mise en circulation : frein de stationnement, roue jockey, feux de position, feux stop, feux de recul, quelques ajustements techniques comme un dispositif anti-renversement ou une disposition optimisée des éléments électroniques dans le carter… Mais aujourd’hui nous sommes prêts à passer en phase de production.

Quel modèle de production avez-vous adopté ?

Pour une industrialisation réussie, il faut y aller rationnellement et pas à pas. En concevant tout en interne d’abord. Puis en faisant fabriquer ses pièces par les sous-traitants les mieux qualifiés. En assemblant le tout enfin, petit volume par petit volume. 15 unités avec 2 postes de travail, puis 30 unités avec 3 à 4 postes, et ainsi de suite, progressivement on apprend de son produit, on optimise, on maîtrise sa chaîne d’approvisionnement et de production.

Hormis les différents types de modules qui peuvent l’équiper selon les besoins de chaque utilisateur, notre produit est avant tout un châssis, muni de moteurs, de roues et d’une intelligence embarquée. Nous faisons bien sûr des fabrications ad hoc pour tout ce qu’il y a d’innovant dans K-Ryole : le timon électro-sensible, le système électronique d’intelligence artificielle, l’alimentation et les éléments mécaniques spécifiques comme l’attache ou la structure du châssis. Pour le reste, nous avons fait le choix d’intégrer des produits déjà manufacturés par des fabricants reconnus pour leur savoir-faire et leur qualité.

Quelle est votre supply chain ?

K-Ryole équipée pour La Poste

K-Ryole équipée de son module de rangement.

L’essentiel de notre sourcing est made in France : la structure en alu est produite à Lyon, les cartes électroniques à Mâcon, les câbles à Antony près de Paris, les jantes aussi sont françaises. On n’a pas fait ce choix pour des questions d’image mais parce que la qualité des éléments concernés est essentielle et parce qu’il était plus facile de les mettre au point avec des partenaires qui parlent la même langue et sont proches.

Mais on ne s’est pas interdit d’aller chercher des éléments à l’étranger parce que leur caractéristiques étaient les mieux adaptées et leur tarifs compétitifs. Les batteries par exemple viennent d’Angleterre, les pneus d’Allemagne, les moteurs électriques de Chine car c’est là ou à Taïwan qu’on trouve aujourd’hui ce qu’il se fait de mieux en la matière.

De la conception jusqu’à l’assemblage qui est lui aussi fait en France, nous avons eu l’approche la plus rationnelle possible pour maîtriser les coûts, sans quoi le produit serait trop cher. Pour détrôner le véhicule utilitaire en centre-ville, on ne peut pas s’arrêter à la motivation écologique ou pratique ; il faut aussi des arguments économiques.

Quelle est votre stratégie de développement commercial ?

K-Ryole a de nombreux atouts pour séduire. Ecologique et sympathique, c’est un bon véhicule pour l’image des entreprises qui l’utiliseront. Mais par rapport à un véhicule utilitaire, elle permet d’éviter les embouteillages, de faciliter de stationnement, bref de gagner du temps et d’économiser de l’argent perdu dans les PV. Elle intéresse donc toutes les entreprises de logistique urbaine, les enseignes de distribution, mais aussi les artisans et les villes.

Pour optimiser les économies d’échelle, nous voulons progressivement atteindre de grands volumes et tournons donc notre action commerciale vers les donneurs d’ordre susceptibles d’avoir besoin de grands parcs de K-Ryole. Nous avons déjà des projets avec La Poste, Auchan ou Ikea. Des tests sont prévus avec Intermarché à Lyon, un groupement d’artisans plombiers à Nantes, les services techniques des espaces verts de la Ville de Paris, un campus à Lille…

Que rêvez-vous pour K-Ryole dans 3 ans ?

On la rêve pareille à l’idée qu’on s’en fait depuis le début de cette histoire il y a 2 ans : une solution accessible à tout le monde quel que soit son vélo, sa force physique ou son pouvoir d’achat. Dans 3 ans, on espère que les volumes produits nous permettront de la rendre encore plus accessible financièrement. Aujourd’hui commercialisée entre 2500€ et 8000€ pour 100 unités selon ses équipements, nous espérons pouvoir ramener son prix public à 1500€ l’unité. On rêverait aussi de la voir entrer dans l’usage quotidien, avec des solutions de K-Ryolib, comme il y a des Vélib aujourd’hui.

On rêve enfin de faire un jour en K-Ryole cette traversée de l’Amérique qui nous attend toujours Gilles et moi !

MÉMO

Charge utile maxi : 200 kg
Autonomie : 70 km avec 100kg de charge
Temps de recharge des batteries : 4h
Prix : 2500€ à 8000€ pour 100 unités
Délai de livraison : 3 mois pour 100 unités

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POUR K-RYOLE

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